Monday, November 06, 2006

DISCOURS DONNÉ PAR 'ABDU'L-BAHA AU SIÈGE THÉOSOPHIQUE


O Assemblée digne de respect! O amis de la vérité!La nature inhérente du feu est de brûler, la nature inhérente de l'électricité est de donner la lumière, la nature inhérente du soleil est de briller, et la nature inhérente de la terre organique est le pouvoir de croissance.Il est impossible de dissocier une chose et ses qualités inhérentes.C'est la nature inhérente des choses de cette terre de changer; ainsi voyons-nous autour de nous le changement des saisons. Chaque printemps est suivi d'un été et chaque automne apporte un hiver, chaque jour une nuit et chaque soir un matin. Il existe une séquence en toutes choses.Ainsi quand la haine et l'animosité, le combat, le massacre, et une grande froideur de coeur gouvernaient le monde, et que l'obscurité avait enveloppé les nations, Baha'u'llah, telle une étoile brillante, s'éleva à l'horizon de la Perse et brilla de sa grande lumière de direction, donnant un rayonnement céleste et établissant un nouvel enseignement.Il énonça les principales vertus humaines. Il manifesta les pouvoirs spirituels, et mit ceux-ci en pratique dans le monde qui L'entourait.Premièrement, Il mit l'accent sur la recherche de la vérité. C'est très important, parce que les hommes sont trop facilement menés par la tradition. C'est à cause de cela qu'il y a souvent des antagonismes et des disputes parmi eux.Mais l'apparition de la vérité perce à travers l'obscurité et devient la cause de l'unicité de la foi et de la croyance: car la vérité ne peut être double! Cela n'est pas possible.Deuxièmement, Baha'u'llah enseigna l'unicité de l'humanité; cela revient à dire que tous les enfants des hommes sont sous la miséricorde de ce grand Dieu. Ils sont les enfants d'un seul Dieu; ils sont éduqués par Dieu. Il a placé la couronne de l'humanité sur la tête de chacun des serviteurs de Dieu. C'est pourquoi toutes les nations et tous les peuples doivent se considérer comme frères. Ils sont tous les descendants d'Adam. Ils sont les branches, les feuilles, les fleurs et les fruits d'un seul arbre. Ils sont les perles d'un seul coquillage. Mais les enfants des hommes sont en manque d'éducation et de civilisation, et ils ont besoin d'être polis jusqu'à ce qu'ils deviennent éclatants et brillants.L'homme et la femme devraient être tous deux également éduqués et également considérés.Ce sont les préjugés raciaux, nationalistes, religieux et les préjugés de classe qui ont été la cause de la destruction de l'humanité.Troisièmement, Baha'u'llah enseigna que la religion est le fondement principal de l'amour et de l'unité, et la cause de l'unicité. Si une religion devient cause de haine et de désaccord, il vaudrait mieux qu'elle n'existât point. Vivre sans une telle religion est préférable.Quatrièmement, la religion et la science sont entrelacées et ne peuvent pas être séparées. Ce sont les deux ailes avec lesquelles l'humanité doit voler. Une seule aile n'est pas suffisante. Toute religion qui ne se sent pas concernée par la science est une simple tradition, et cela n'est pas l'essentiel. C'est pourquoi la science, l'éducation et la civilisation sont une nécessité impérieuse pour une vie religieuse pleine.Cinquièmement, la réalité des religions divines est une, car la réalité est une et ne peut être double. Tous les Prophètes sont unis et constants dans leur message. Ils sont comme le soleil: de saisons en saisons ils s'élèvent de différents points de l'horizon. C'est pourquoi chaque Prophète dans le passé a annoncé la bonne nouvelle de Celui qui viendra, et chaque nouveau Prophète a accepté ceux du passé.Sixièmement, l'égalité et la fraternité doivent être établies parmi tous les membres de l'humanité, cela est conforme à la justice. Les droits généraux de l'humanité doivent être garantis et préservés.Tous les hommes doivent être également traités. Ceci est inhérent à la nature même de l'humanité.Septièmement, les dispositions prises quant aux conditions de vie du peuple doivent être telles que la pauvreté disparaisse, et que chacun autant que possible, et en fonction de sa position et de son rang, bénéficie d'un certain confort. A l'instar des nobles et des autres personnes de haut rang qui vivent dans l'aisance, les pauvres aussi devraient pouvoir recevoir leur nourriture quotidienne et ne pas être réduits à souffrir de la faim.Huitièmement, Baha'u'llah annonça la venue de la Plus Grande Paix. Toutes les nations et tous les peuples se rassembleront à l'ombre de la tente de la Grande Paix et de la Grande Harmonie; ce qui revient à dire qu'un grand Conseil d'Arbitrage sera établi lors d'une élection générale afin de régler tous les différends et toutes les querelles entre les puissances, pour que les conflits ne finissent pas en guerre.Neuvièmement, Baha'u'llah enseigna que les coeurs doivent recevoir la bonté du Saint-Esprit afin que la civilisation spirituelle soit établie. Car la civilisation matérielle ne peut satisfaire les besoins de l'humanité et ne peut être la source de son bonheur. La civilisation matérielle est comme le corps et la civilisation spirituelle comme l'âme. Le corps ne peut vivre sans l'âme.Cela est un bref résumé des enseignements de Baha'u'llah. Pour les énoncer, Baha'u'llah endura maintes peines et difficultés. Il fut constamment emprisonné et endura une grande persécution. Mais dans la forteresse (de 'Akka (4)), Il édifia un palais spirituel, et de l'obscurité de Sa prison Il fit rayonner une grande lumière sur le monde.C'est l'ardent désir des baha'is de mettre en pratique ces enseignements et ils s'efforceront de tout leur coeur et de toute leur âme de consacrer leur vie à cet idéal, jusqu'à ce que la lumière céleste éclaire le monde entier.Je suis très heureux d'avoir pu parler avec vous lors de cette rencontre et j'espère que ma profonde conviction vous est acceptable.Je prie pour vous afin que vous puissiez réussir dans vos aspirations et que les bontés du Royaume puissent vous combler."---Samedi 30 septembre 1911

EXTRAITS DES ÉCRITS D' 'ABDU'L- BAHA



Il est difficile d'exprimer ce qui est divin par des mots ordinaires. Les enseignements célestes sont exprimés en paraboles afin qu'ils soient compris et préservés pour les temps dans le futur. Lorsque les êtres spirituels plongent profondément dans l'océan de leur signification, ils ramènent à la surface les perles de leur sens intérieur. Aucun plaisir n'est plus grand que l'étude de la parole de Dieu avec un esprit spirituel. (ABL/1921, p. 78 - texte anglais)




C'est très bien d'apprendre par coeur les points logiques et les preuves des livres saints. Ce sont ces preuves et ces témoignages qui établissent le fait que Baha'u'llah est l'accomplissement des promesses des livres saints. Ces preuves doivent être recueillies et apprises par coeur. Dès qu'une personne vous demande quelles sont vos preuves, vous pouvez alors intervenir vivement et dire "Les voici !". (SW, vol. 3, n° 11, p. 4, texte anglais.)




Vis selon les enseignements de Baha'u'llah. Il ne te suffit pas seulement de les lire. Il y a une grande différence entre l'âme qui simplement lit les paroles de Baha'u'llah et celle qui essaie de les pratiquer. Lis les "Paroles cachées". Médite sur leurs significations et met les commandements en application dans ta vie. (SW, vol. 7, n° 18, p. 178, texte anglais.)


La cause de Dieu est semblable à un collège. Les croyants sont pareils à des étudiants. Le collège est fondé dans le but d'apprendre les sciences, les arts et la littérature. Si les sciences ne figurent pas dans le programme et si les étudiants ne sont pas instruits, le but du collège n'est pas réalisé. Les étudiants doivent montrer les résultats de leur étude dans leurs conduites et leurs actions. Sinon, ils ont gâché leur vie. Maintenant, les amis doivent vivre et se conduire de telle sorte qu'ils apportent la gloire et des résultats plus importants à la religion de Dieu. La cause de Dieu doit être pour eux une force dynamique transformant la vie des hommes et non une question de réunion, de comités, de discussions vaines et de débats inutiles et d'intrigues politiques.(SW, vol. 7, n° 18, p. 178, texte anglais.)




La première chose à faire est d'acquérir une soif pour la spiritualité, puis vivre la vie ! Vivre la vie ! Vivre la vie ! La manière d'acquérir cette soif est de méditer sur la vie future. Étudiez les écrits saints, lisez votre Bible, lisez les livres saints, et particulièrement étudier les paroles de Baha'u'llah, prenez beaucoup de temps pour prier et méditer; puis vous connaîtrez cette grande soif et c'est seulement ensuite que vous pourrez commencer à vivre la vie ! (SW, vo/. 19, n° 3, p. 69 texte anglais.)La connaissance est l'amour. Étudiez, écoutez les exhortations, pensez, essayez de comprendre la sagesse et la grandeur de Dieu. Le sol doit être fertilisé avant que la graine puisse être semée.(SW, vol. 20, n° 10, p. 314, texte anglais.)








Sunday, November 05, 2006

Des devoirs de sympathie et de bonté envers les étrangers


Dès qu'un homme se tourne vers Dieu, il voit le soleil resplendir partout. Tous les hommes deviennent ses frères.
Quand vous vous trouvez avec des étrangers, que le souci des conventions ne vous rende pas froid et distant. Ne les considérez pas avec suspicion comme des malfaiteurs, des voleurs ou des rustres. Vous estimez nécessaire d'être prudent, de ne pas courir le risque de lier connaissance avec des personnes peut-être indésirables. Je vous demande de ne pas songer uniquement à vous-mêmes.
Soyez bons pour les étrangers, qu'ils soient Turcs, Japonais, Persans, Russes, Chinois ou de toute autre nationalité. Faites en sorte qu'ils se sentent chez eux; tâchez de savoir où ils logent, cherchez à leur rendre service; Essayez de leur rendre la vie un peu plus agréable.
Même si, un jour, vos premiers soupçons étaient fondés, continuez de la même manière à leur manifester de la bienveillance; cette bonté les aidera à devenir meilleurs.
Après tout, pourquoi traiter en étrangers les habitants des autres pays ? Que ceux qui vous rencontrent sachent, sans que vous ayez à le proclamer, qu'en vérité vous êtes un bahá'í.
Mettez en pratique le précepte de Bahá'u'lláh: bonté envers toutes les nations. Ne vous contentez pas des paroles amicales, mais que votre coeur soit embrasé par une affectueuse bonté envers tous ceux qui peuvent croiser votre chemin.
O vous, peuples d'Occident, soyez bons envers ceux qui viennent des pays orientaux pour séjourner parmi vous. Oubliez votre formalisme quand vous conversez avec eux; ils n'y sont pas accoutumés. Cette attitude paraît froide et inamicale aux peuples d'Orient. Ayez plutôt une attitude de sympathie.
Montrez-vous pénétrés d'un amour universel. Quand vous rencontrez un Persan ou quelqu'autre étranger, parlez-lui comme à un ami. S'il a l'air seul, tâchez de l'aider, offrez-lui spontanément vos services. S'il est triste, consolez-le; s'il est pauvre secourez-le; s'il est opprimé, délivrez-le; s'il est dans la détresse, réconfortez-le. En agissant ainsi, vous prouverez, non seulement en paroles mais en fait et en vérité, que vous considérez tous les hommes comme vos frères.
A quoi sert-il de convenir que l'amitié universelle est un bien et de parler de la solidarité du genre humain comme d'un grand idéal ? A rien si ces idées ne sont pas transformées en actes.
Le mal persiste dans le monde précisément parce que les gens ne parlent que de leurs idéaux sans s'efforcer de les mettre en pratique.
Si les actes remplaçaient les paroles, la détresse du monde serait bientôt transformée en bien-être.
Un homme qui fait beaucoup de bien sans en parler est sur le chemin de la perfection. Celui qui, ayant fait un peu de bien, l'amplifie dans ses discours, n'a que très peu de mérite.
Si je vous aime, je n'ai pas besoin de vous en parler sans cesse, vous le saurez sans que j'en souffle mot. D'autre part, si Je ne vous aime pas, vous le saurez également, et vous ferais-je mille protestations d'amitié que vous ne me croiriez pas.
Les gens font profession de bonté, multipliant les belles paroles afin de paraître plus grands et meilleurs que leurs semblables et d'acquérir une bonne renommée.
Ceux qui font le plus de bien sont ceux qui en parlent le moins. Les enfants de Dieu agissent bien sans s'en vanter, obéissant à ses lois.
J'espère que vous vous garderez toujours de toute tyrannie et oppression, que vous travaillerez sans relâche jusqu'à ce que règne la justice dans tous les pays, que vous conserverez un coeur pur et des mains nettes de toute action injuste. C'est la condition requise pour vous approcher de Dieu et c'est ce que j'attends de vous.

Preuves et arguments traditionnels tirés du livre de Daniel


Aujourd'hui, autour de cette table, parlons un peu des preuves. Si vous étiez venue en ce lieu béni aux jours de la manifestation de la lumière évidente, et si vous étiez arrivée à la cour de sa présence, si vous aviez vu cette beauté lumineuse, vous eussiez compris que ses explications et sa beauté n'avaient besoin d'aucune autre preuve.
Bien des gens, après avoir été admis une seule fois en sa présence, devinrent confirmés et croyants : ils n'avaient pas besoin d'autre preuve.
Même ceux qui avaient pour lui la haine et l'inimitié les plus grandes, rien qu'après l'avoir rencontré, témoignaient de la grandeur de Bahá'u'lláh, et disaient : "C'est un homme sublime, mais quel dommage qu'il émette une pareille prétention. Autrement, tout ce qu'il dit est acceptable."
Mais aujourd'hui que cette lumière de vérité s'est éteinte, tout le monde a besoin de preuves. Aussi nous sommes-nous occupés de donner des preuves rationnelles. Nous en citerons une autre qui, seule, est suffisante pour des gens équitables, et que nul ne peut réfuter.
C'est que cet être sublime a proclamé sa cause et répandu sa lumière dans la Prison suprême; c'est de là que sa renommée a conquis le monde et que le chant de sa gloire est parvenu à l'Orient et à l'Occident :jusqu'à nos jours, rien de semblable n'était arrivé dans le monde.
Tout homme juste le reconnaîtrait; mais il y a des gens qui, même en entendant toutes les preuves du monde, ne jugeraient pas avec justice.
C'est ainsi que, malgré toutes leurs forces, les nations et les Etats ne purent lui résister; bien qu'il fût seul, sans aide, emprisonné, opprimé, tout ce qu'il voulait il l'accomplissait.
Je ne veux pas mentionner les miracles de Bahá'u'lláh; peut-être en les entendant dirait-on que ce sont des histoires sujettes à la vérité et à l'erreur.
Ainsi, les miracles du Christ, dans les Evangiles, nous sont racontés par les apôtres, et non par quelqu'un d'autre : néanmoins les juifs les nient.
Si je voulais mentionner les choses surnaturelles dans la vie de Bahá'u'lláh, elles abondent; elles sont établies en Orient, et même auprès des non-bahá'ís.
Mais ces récits ne sont pas des arguments et des preuves péremptoires pour tous; en les entendant, on pourrait dire que, peut-être, cela n'est pas conforme à la réalité des faits.
Et puis les autres sectes font également le récit des miracles de leurs fondateurs. Ainsi les adeptes du Brahmanisme rapportent des miracles; d'où pouvons-nous savoir que ceux-ci sont faux et que ceux-là sont vrais ? Si les uns sont des contes, les autres en sont aussi; si les uns sont acceptés universellement, les autres le sont aussi.
Ces récits ne sont donc pas des preuves solides. Ce sont des preuves pour le témoin oculaire; et encore, lui aussi pourrait douter que ce fût un miracle, et non de la sorcellerie. N'a-t-on pas raconté aussi sur des sorciers des choses extraordinaires ?
Bref, j'en arrive à ceci que beaucoup de choses extraordinaires furent accomplies par Bahá'u'lláh; mais nous ne les racontons pas, parce qu'elles ne constituent pas des preuves et des arguments pour tous les peuples du monde, et que, même pour ceux qui en ont été témoins, ce ne sont pas des preuves péremptoires; ils peuvent croire que c'est de la sorcellerie.
D'ailleurs, la plupart des miracles attribués aux prophètes ont une signification symbolique.
Ainsi, dans le récit du martyre du Christ, dans l'Evangile, on mentionne que l'obscurité régna, qu'il y eut un tremblement de terre, que le rideau du temple fut déchiré en deux, et que les morts sortirent de leurs tombes.
Si ces choses avaient été vues, elles auraient été des événements considérables, et certes, on les eût insérés dans les histoires de l'époque, et ils seraient devenus la cause de la perplexité des coeurs; pour le moins, les soldats auraient descendu le Christ de la croix, ou bien ils se seraient enfuis. Mais comme ces événements ne sont relatés dans aucune histoire, il est évident qu'ils ne doivent pas être pris à la lettre, et qu'ils ont une signification symbolique.
Notre but n'est pas de nier, notre seule intention est d'établir que ces récits ne constituent pas des preuves péremptoires, et qu'ils ont une signification symbolique, c'est tout.
Aussi, aujourd'hui, autour de cette table, nous nous reporterons aux explications des preuves traditionnelles tirées des livres saints. Jusqu'ici, tout ce que nous avons dit était des preuves rationnelles.
Et comme il s'agit maintenant de découvrir et de rechercher la vérité, d'expliquer la condition de l'homme assoiffé dont l'âme est brûlée du désir de l'eau de la vie, celle du poisson qui s'agite pour rentrer dans la mer, celle du malade qui cherche le médecin de vérité pour obtenir la guérison divine, celle de la caravane perdue qui cherche la véritable route, celle du bateau désemparé et égaré qui parvient au port de la délivrance, nous dirons que le chercheur doit être paré de certaines qualités.
D'abord, il doit être juste et détaché de tout autre que Dieu; son coeur doit être entièrement tourné vers l'horizon suprême, il doit être affranchi de l'ego et de toute passion, car ce sont des obstacles.
De plus, il doit supporter toutes les calamités, vivre dans la pureté et la sainteté les plus parfaites, et être au-dessus de l'amour ou de la haine de tous les habitants du monde : car le poids de son amour pour un parti peut le priver de reconnaître les mérites d'un autre parti, et de même la haine pour un parti risque aussi de l'empêcher de découvrir ses mérites.
Tel est l'état qui convient au chercheur. Le chercheur doit avoir ces caractéristiques et ces qualités; autrement, il est impossible que le Soleil de Vérité arrive jusqu'à lui.
Revenons à notre sujet : tous les peuples du monde sont dans l'attente de deux manifestations, qui doivent être contemporaines. Tous attendent l'accomplissement de cette promesse.
Dans la Bible, les juifs ont la promesse du Seigneur des armées et du Messie; dans l'Evangile, c'est le retour du Messie et d'Elie. Dans la religion de Muhammad se trouve la promesse du Mihdi et du Messie, et ainsi de suite chez les zoroastriens et les autres peuples;
mais si nous entrions dans les détails, cela tirerait en longueur.
L'essentiel est que tous attendent deux manifestations qui doivent venir l'une derrière l'autre; et qu'il a été annoncé que, dans le temps de la venue de ces deux manifestations, la terre serait renouvelée, l'existence serait changée et les contingences revêtiraient une nouvelle parure.
La justice et la vérité doivent régner sur le monde, l'inimitié et la haine disparaître, toutes les causes de division entre les tribus, les sectes, les nations s'évanouir, et les causes d'union, d'accord et d'amitié se manifester.
Les négligents s'éveilleront, les aveugles verront, les sourds entendront, les muets parleront, les malades guériront, les morts revivront, la guerre sera changée en paix, l'inimitié sera transformée en amour, les occasions de querelle et de dispute s'évanouiront entièrement, et l'humanité obtiendra la réelle félicité.
Le monde deviendra le miroir du royaume des cieux, et l'humanité, le trône de la Divinité.
Les différentes nations ne seront qu'un seul peuple, toutes les religions s'unifieront, tous les hommes ne constitueront plus qu'une famille, qu'une maison.
Toutes les contrées de la terre n'en formeront plus qu'une, et les superstitions de nationalité, de patrie, de personnalité, de langage, de politique, disparaîtront et mourront; chacun, à l'ombre du Seigneur des armées, parviendra à la vie éternelle!
Maintenant, il nous reste à prouver, d'après les livres saints, que ces deux manifestations se sont produites, et à deviner le sens des paroles des prophètes; car nous voulons des preuves tirées des livres saints, et nous avons déjà, il y a quelques jours, à table, produit des preuves rationnelles.
Quoi qu'il en soit, dans le livre de Daniel, depuis la reconstruction du temple de Jérusalem jusqu'au jour du martyre du Christ, soixante-dix semaines sont déterminées; car, par le martyre du Christ, le sacrifice doit être accompli et l'autel détruit.
Cette prophétie a trait à la manifestation du Christ, Le commencement de la période de ces soixante-dix semaines est la restauration et la reconstruction de Jérusalem;
et, à cet égard, pour la restauration de Jérusalem, nous possédons quatre édits, émanant de trois souverains. Le premier est de Cyrus, en 536 avant Jésus-Christ, et est rapporté au premier chapitre d'Esdras. Le deuxième édit pour reconstruire Jérusalem est de Darius de Perse, en 519 avant Jésus-Christ, rapporté au VIe chapitre d'Esdras. Le troisième est d'Artaxerxès, dans la septième année de son règne, c'est-à-dire en 457 avant Jésus-Christ, et est rapporté au VIIe chapitre d'Esdras. Le quatrième est d'Artaxerxès en 444 avant Jésus-Christ, et se trouve au IIe chapitre de Néhémie.
Mais Daniel se réfère au troisième édit, qui fut rendu en 457 avant Jésus-Christ. Soixante-dix semaines égalent quatre cent quatre-vingt-dix jours. Chaque jour, suivant la terminologie des livres saints, est une année. Dans la Bible il est écrit : "Le jour du Seigneur est une année". Donc quatre cent quatre-vingt-dix jours font quatre cent quatre-vingt-dix années. Le troisième édit d'Artaxerxès faut rendu quatre cent cinquante-sept ans avant la naissance du Christ, et lorsqu'il faut martyrisé et qu'il monta au ciel, le Christ avait 33 ans; 33 ajoutés à 457 font 490, qui est la date annoncée par Daniel pour la manifestation du Christ.
Mais, au verset 25 du IXe chapitre de Daniel, il s'exprime d'une autre manière, c'est-à-dire sept semaines et soixante deux semaines. Et, en apparence, il y a là une contradiction avec la première phrase; beaucoup de gens sont demeurés perplexes en essayant de concilier ces deux affirmations. Comment ici s'agit-il de soixante-dix semaines, et là de soixante-deux semaines et de sept semaines ? Ces deux phrases ne concordent pas.
En réalité, Daniel cite deux dates, Une des dates commence avec l'ordre d'Artaxerxès qui enjoignit à Esdras de rebâtir Jérusalem : ce sont les soixante-dix semaines qui se terminent à l'ascension du Messie, quand le sacrifice et l'oblation cessèrent par son martyre.
La seconde date se trouve au verset 26, où il est dit qu'après la terminaison de la reconstruction de Jérusalem jusqu'à l'ascension du Christ il y aura soixante-deux semaines; les sept semaines sont la durée de la reconstruction de Jérusalem, c'est-à-dire quarante-neuf ans.
Si l'on ajoute ces sept semaines aux soixante-deux, cela fait soixante-neuf semaines; et, dans la dernière semaine, eut lieu l'ascension du Christ. Les soixante-dix semaines sont ainsi complètes et il ne reste plus de contradiction.
Et de même que la manifestation du Messie est prouvée par les prophéties de Daniel, maintenant nous allons prouver les manifestations de Bahá'u'lláh et du Bab.
Jusqu'ici, nous n'avons donné que des preuves rationnelles : il s'agit maintenant de preuves traditionnelles.
Au verset 13 du VIIIe chapitre du livre de Daniel, il est dit : "Alors j'entendis un saint qui parlait, et un saint qui demandait à celui qui parlait : jusqu'à quand durera la vision du sacrifice continuel et de la révolte qui cause la ruine, pour livrer le sanctuaire et l'armée à être foulés aux pieds ? Et il me dit : jusqu'à deux mille trois cents soirs et matins; alors le sanctuaire sera purifié." Alors il me dit: "Cette vision se rapporte aux derniers jours. En d'autres termes ce malheur, cette dévastation, cette ruine, cette dégradation, jusqu'à quand dureront-ils ? ou bien, quand 'sera aurore de la manifestation ? Alors il dit : jusqu'à deux mille trois cents soirs et matins, et alors le sanctuaire sera purifié."
Bref, le but de ce passage est d'établir qu'il fixe deux mille trois cents ans; car, dans le texte de la Bible, chaque jour est une année.
Or, depuis la date de l'apparition de l'édit d'Artaxerxès pour reconstruire Jérusalem jusqu'au jour de la naissance du Christ, il y a quatre cent cinquante-six ans, et depuis la naissance du Christ jusqu'à la manifestation du Bab, il y a mille huit cent quarante-quatre ans, et si vous ajoutez quatre cent cinquante-six ans à ce nombre, cela fait deux mille trois cents ans.
C'est-à-dire que l'accomplissement de la prophétie de Daniel eut lieu en 1844 de l'ère chrétienne, et ce fut l'année de la manifestation du Bab.
Considérez le texte même de Daniel : avec quelle clarté il fixe l'année de manifestation! On ne peut pas annoncer plus clairement que cela une manifestation.
Le Christ, au chapitre XXIV de l'Evangile de Matthieu, verset 3, dit clairement que, ce que Daniel voulait dire par cette prophétie, c'était l'époque de la manifestation;
et voici le verset : "Et s'étant assis sur la montagne des Oliviers, ses disciples vinrent à lui en particulier et lui dirent : dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ?" Parmi toutes les explications que le Christ leur donna en réponse, se trouve celle-ci : "Quand donc vous verrez dans le lieu saint l'abomination qui cause la ruine dont le prophète Daniel a parlé, que celui qui le lit y fasse attention". Et il faisait ainsi allusion au VIIIe chapitre de Daniel, en disant que toute personne qui lira ce verset comprendra qu'il y est parlé de ces temps.
Voyez combien la manifestation du Bab est clairement annoncée dans la Bible et l'Evangile!
Maintenant, expliquons la date de la manifestation de Bahá'u'lláh par la Bible.
La date de la manifestation de Bahá'u'lláh est calculée en années lunaires, à partir de la mission et de l'hégire de Muhammad; car, dans la religion de Muhammad, c'est l'année lunaire qui est en usage et qui est employée; et dans cette religion, c'est l'année lunaire dont on se sert pour chacun des cas des commandements aux fidèles.
Au chapitre XII, verset 6, du livre de Daniel, il est dit : "Et on dit à l'homme vêtu de lin qui était sur les eaux du fleuve : quand sera la fin de ces merveilles ? Et j'entendis l'homme vêtu de lin qui était sur les eaux du fleuve, lequel éleva sa droite et sa gauche vers les cieux et jura par Celui qui vit éternellement, que ce sera jusqu'à un temps, deux temps et une moitié de temps; et que, quand il aura achevé de disperser la force du peuple saint, toutes ces choses-là seront terminées."
J'ai déjà expliqué la signification du jour; il n'est pas utile d'y revenir. Mais disons brièvement que chaque jour du Père vaut une année, et chaque année vaut douze mois. Donc trois ans et demi valent quarante-deux mois; quarante-deux mois égalent mille deux cent soixante jours. Chaque jour, dans les livres saints, est une année. Et en 1260 de l'hégire de Muhammad, selon le compte musulman, le Bab, l'annonciateur de Bahá'u'lláh, apparut.
Plus loin, dans le verset II, il est dit : "Or, dans le temps que le sacrifice continuel aura cessé, et qu'on aura mis l'abomination de la ruine, il y aura douze cent quatre-vingt-dix jours. Heureux celui qui attendra et atteindra jusqu'à treize cent trente-cinq jours."
Le commencement de ce calcul lunaire est le jour de la proclamation du rôle prophétique de Muhammad dans toutes les contrées du Hijaz; et cela eut lieu trois ans après le début de sa mission, car, au début, son rôle prophétique était tenu caché : nul, sauf Khadidja et Ibn-Naufal, ne les avait. Après trois ans on le proclama.
Et Bahá'u'lláh, en l'an 1290 de la proclamation de la mission de Muhammad, proclama sa manifestation.
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Chapitre: I.11. Commentaire du chapitre XI des révélations de saint Jean
Au chapitre XI, verset 1 des révélations de saint Jean, il est dit : "Alors on me donna un roseau semblable à un bâton à mesurer, et l'ange s'étant présenté me dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu et l'autel, et ceux qui y adorent. Mais laisse le parvis qui est hors du temple, et ne le mesure point car il est abandonné aux gentils, et ils fouleront aux pieds la sainte cité pendant quarante-deux mois."
Ce roseau représente ici le symbole d'un homme parfait, et la portée de cette comparaison est la suivante : lorsque l'intérieur d'un roseau est vidé, et qu'il est débarrassé de tout ce qu'il contenait, on peut obtenir de merveilleuses mélodies.
Et de même que le chant et le son ne viennent pas du roseau, que la musique vient véritablement du joueur de flûte qui souffle dedans, de même cette personne bénie a le coeur saint, libre, et vide de tout ce qui n'est pas Dieu, purifié et affranchi de toutes conditions humaines, et elle n'est que la compagne de l'Esprit divin.
Ses paroles ne viennent pas d'elle-même mais bien du véritable joueur de flûte, et sont une inspiration divine. Voilà pourquoi il le compare à un roseau.
Et ce roseau est comme un bâton, c'est-à-dire qu'il est le secours des faibles, et le soutien des êtres contingents; c'est le bâton du divin berger, à l'aide duquel il fait paître son troupeau, et le conduit dans les prairies du royaume.
Puis : "L'ange se présenta et me dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu et l'autel, et ceux qui y adorent"; c'est-à-dire compare et mesure; mesurer, c'est trouver la quantité.
Donc l'ange dit : compare le Saint des saints, et l'autel et ceux qui sont en train d'y prier, c'est-à-dire découvre quelle est leur véritable condition, sache à quel degré et en quelle situation ils sont, et quels sont leur état, leurs perfections, leur conduite, leurs qualités; apprends les secrets de ces saintes âmes qui ont leur place au Saint des saints, dans l'état de pureté et de sainteté.
"Mais laisse le parvis qui est hors du temple et ne le mesure point, car il est abandonné aux gentils." Au début du VIIe siècle de l'ère chrétienne, lorsque Jérusalem fut conquise, le Saint des saints fut en apparence préservé, c'est-à-dire le temple que Salomon avait construit; mais en dehors du Saint des saints, le parvis extérieur fut pris et donné aux gentils.
Les lecons de St-Jean d'Acre

Commentaire du chapitre XI des révélations de saint Jean


Au chapitre XI, verset 1 des révélations de saint Jean, il est dit : "Alors on me donna un roseau semblable à un bâton à mesurer, et l'ange s'étant présenté me dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu et l'autel, et ceux qui y adorent. Mais laisse le parvis qui est hors du temple, et ne le mesure point car il est abandonné aux gentils, et ils fouleront aux pieds la sainte cité pendant quarante-deux mois."
Ce roseau représente ici le symbole d'un homme parfait, et la portée de cette comparaison est la suivante : lorsque l'intérieur d'un roseau est vidé, et qu'il est débarrassé de tout ce qu'il contenait, on peut obtenir de merveilleuses mélodies.
Et de même que le chant et le son ne viennent pas du roseau, que la musique vient véritablement du joueur de flûte qui souffle dedans, de même cette personne bénie a le coeur saint, libre, et vide de tout ce qui n'est pas Dieu, purifié et affranchi de toutes conditions humaines, et elle n'est que la compagne de l'Esprit divin.
Ses paroles ne viennent pas d'elle-même mais bien du véritable joueur de flûte, et sont une inspiration divine. Voilà pourquoi il le compare à un roseau.
Et ce roseau est comme un bâton, c'est-à-dire qu'il est le secours des faibles, et le soutien des êtres contingents; c'est le bâton du divin berger, à l'aide duquel il fait paître son troupeau, et le conduit dans les prairies du royaume.
Puis : "L'ange se présenta et me dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu et l'autel, et ceux qui y adorent"; c'est-à-dire compare et mesure; mesurer, c'est trouver la quantité.
Donc l'ange dit : compare le Saint des saints, et l'autel et ceux qui sont en train d'y prier, c'est-à-dire découvre quelle est leur véritable condition, sache à quel degré et en quelle situation ils sont, et quels sont leur état, leurs perfections, leur conduite, leurs qualités; apprends les secrets de ces saintes âmes qui ont leur place au Saint des saints, dans l'état de pureté et de sainteté.
"Mais laisse le parvis qui est hors du temple et ne le mesure point, car il est abandonné aux gentils." Au début du VIIe siècle de l'ère chrétienne, lorsque Jérusalem fut conquise, le Saint des saints fut en apparence préservé, c'est-à-dire le temple que Salomon avait construit; mais en dehors du Saint des saints, le parvis extérieur fut pris et donné aux gentils.
Les lecons de St-Jean d'Acre

Bahá'u'lláh


Quant à Bahá'u'lláh, il apparut à une époque où l'Empire persan était plongé dans l'obscurantisme et dans l'ignorance les plus grands, et perdu dans le fanatisme le plus aveugle.
Certes vous avez lu en détail, dans les histoires européennes, quel était l'état des pensées, des coutumes et des idées des Persans dans ces derniers siècles. II est inutile d'y revenir.
Nous dirons seulement que la Perse était tombée si bas que les voyageurs étrangers déploraient que ces provinces, si glorieuses autrefois, et si civilisées, faussent maintenant tellement abattues et ruinées, complètement renversées de leur base, et que ses populations faussent parvenues à une aussi complète dégradation.
C'est à cette époque que Bahá'u'lláh se manifesta. Son père était un des vizirs, non un des ulama : et tout le monde sait en Perse qu'il n'étudia dans aucune école, et qu'il ne fréquenta ni les ulama ni les savants.
Il débuta dans la vie au milieu du bonheur et de la félicité les plus complets, étant en rapport et en bonnes relations avec la haute société persane, mais non avec des savants.
Dès que le Bab annonça sa mission, il dit : "Cet homme glorieux est le Seigneur des justes, et à tous s'imposent la foi et la certitude !"
Et il se leva pour seconder le Bab, et donner en témoignage des preuves et des arguments péremptoires sur la vérité de sa cause, bien que les ulama de la religion eussent contraint le gouvernement persan à l'opposition et à la résistance les plus grandes, et qu'ils eussent rendu des fatvas ordonnant le meurtre, le pillage, la persécution, l'expulsion et l'écrasement des babis.
Dans toutes les provinces on se mit à tuer, à incendier, à piller et à violenter jusqu'aux femmes et enfants. Malgré cela, Bahá'u'lláh, avec l'énergie et la fermeté les plus grandes, se leva pour proclamer la parole du Bab.
Jamais il ne se cacha une seule heure : clairement, ouvertement, il se mêlait à ses ennemis, occupé à établir des preuves et des arguments.
Il fut reconnu comme le héraut de la parole de Dieu. En beaucoup de circonstances et d'occasions, il endura de violentes calamités, et à chaque minute il faillit devenir un martyr; on alla jusqu'à l'enchaîner et l'emprisonner dans un souterrain.
Toutes ses vastes propriétés, ses héritages furent confisqués et pillés.
De pays en pays, il fut exilé quatre fois, et il ne trouva de repos que dans la Prison suprême.
Malgré cela, il ne cessa pas un instant de proclamer et de célébrer la cause de Dieu, et il se manifesta avec des vertus, un savoir, des perfections qui furent la cause de l'admiration de tous les peuples de la Perse.
Au point que, à Tihran, à Baghdad, à Constantinople, en Roumélie et à Saint-Jean-d'Acre, tous ceux qui, parmi les gens instruits et les savants, parvenaient en sa présence, amis ou ennemis, et qui lui posaient une question, recevaient une réponse convaincante et suffisante.
Et chacun, à maintes reprises, reconnut que cet être était seul et unique dans le monde pour ses perfections.
A Baghdad, il arriva souvent que, dans la réunion bénie, des ulama ä de l'islam, des juifs et des chrétiens, se trouvaient assemblés avec des savants européens. Chacun posait une question; et quoique ces hommes eussent chacun une culture différente, ils recevaient des réponses convaincantes et suffisantes, et ils s'en retiraient satisfaits.
C'est au point que les ulama persans qui étaient à Karbila et à Najaf choisirent un savant qu'ils chargèrent d'une mission auprès de lui : il s'appelait Mulla Hasan-i-Ammu. Il vint en la présence sacrée, et posa, de la part des ulama, un certain nombre de questions auxquelles Bahá'u'lláh répondit.
Puis Hasan-i-Ammú dit : "Les ulama reconnaissent sans hésitation et confessent la science et l'excellence de votre personne; et il est certain pour tous qu'elle n'a pas d'égale ni de semblable dans toutes les sciences.
Et il est aussi reconnu que vous n'avez jamais étudié ni travaillé ces sciences. Mais les ulama disent qu'ils ne se contentent pas de cela, et qu'ils ne confessent ni ne reconnaissent la vérité de votre mission, d'après votre savoir et votre excellence. Aussi nous vous demandons de faire apparaître un miracle, pour contenter et tranquilliser nos coeurs."
Bahá'u'lláh répondit : "Bien que vous n'en ayez nullement le droit (car c'est à Dieu qu'il appartient de mettre la créature à l'épreuve, et non à celle-ci d'éprouver Dieu), malgré cela, cette demande est agréée et approuvée.
Mais la cause de Dieu n'est pas un théâtre, où l'on représente à chaque heure un spectacle, et où chaque jour on demande quelque chose. Autrement elle deviendrait un jeu d'enfants.
Les ulama doivent donc s'assembler et, d'un commun accord, choisir un miracle, puis écrire qu'après l'apparition de ce miracle ils n'auront plus de doutes sur moi, et que tous reconnaîtront et confesseront la vérité de cette cause. Qu'ils cachettent cette feuille de papier et me l'apportent;
que ceci soit leur critérium. Si le miracle apparaît, il ne restera pour vous aucun doute, sinon, nous serons convaincu d'imposture." Le savant personnage se leva et dit : "Il n'y a plus rien à dire." Il baisa le genou de Bahá'u'lláh, bien qu'il ne fût pas un croyant, et il s'en alla.
Il réunit les ulama et leur transmit le message sacré. Ceux-ci se concertèrent, puis dirent :"Cet homme est un enchanteur, peut-être va-t-il accomplir quelque enchantement, et alors nous n'aurons plus rien à dire." Et ils n'osèrent pas pousser plus loin.
Quant à Hasan-i-Ammú, il parla de cette aventure dans la plupart des réunions; il quitta Karbila pour Kirmanshah et Tihran, et raconta les détails partout, parlant de la crainte des ' ulama et de leur retraite.
Ainsi tous ses adversaires, en Orient, reconnaissaient la grandeur, la noblesse, la science, l'excellence de la Beauté Bénie et, bien qu'ils fussent ses ennemis, ils parlaient toujours de lui comme du "célèbre Bahá'u'lláh".
Bref, cet Astre sublime se leva soudain à l'horizon de la Perse, alors que ses habitants, ministres, ulama, peuple, s'étaient dressés contre lui avec la plus grande animosité, en disant qu'il voulait supprimer et détruire la religion, la loi, la nation, l'empire. De même avait-on parlé contre le Christ.
Cependant Bahá'u'lláh, seul et sans appui, résista à tout le monde, sans jamais montrer la moindre défaillance. A la fin, on dit : "Tant que cet homme sera en Perse, il n'y aura ni tranquillité ni repos. Il faut donc l'exiler, afin que la Perse recouvre la paix."
On força Bahá'u'lláh à demander la permission de sortir de la Perse, pensant qu'ainsi la lampe de la cause sacrée s'éteindrait. Mais, au contraire, il n'en résulta que des choses heureuses : la cause grandit, et sa flamme devint plus brillante. D'abord, elle s'était répandue dans la Perse seule; mais ce fut la raison qui la fit se répandre dans d'autres contrées.
Alors on trouva que l'Iraq Arabi, était près de la Perse et qu'il fallait l'exiler dans des provinces lointaines. Aussi le gouvernement persan fit-il des démarches pour qu'on envoyât Bahá'u'lláh de l'Iraq à Constantinople.
Puis, on vit que la cause n'avait jamais eu un moment de défaillance. On trouva alors que Constantinople était un lieu de passage et de séjour de peuples et de races sans nombre, où vivaient beaucoup de Persans; c'est pourquoi les Persans s'efforcèrent de faire exiler Bahá'u'lláh en Roumélie.
Mais la flamme devint plus brillante, la cause plus grande. A la fin, les Persans dirent : "Aucune de ces places n'est digne de confiance ni sûre; il faut l'envoyer quelque part où il sera réduit à l'impuissance, dans un lieu de trouble et de misère, où sa famille et ses compagnons éprouveront de grands malheurs."
Donc ils choisirent la prison de Saint-Jean-d'Acre, qui est réservée aux meurtriers, aux voleurs et aux brigands de grands chemins. Et, en vérité, ils le mêlèrent à ces hommes.
Mais la puissance divine se manifesta, car cette prison fut la cause de la promulgation et de la proclamation de sa parole.
La grandeur de Bahá'u'lláh devint évidente, car c'est de cette prison, et dans des circonstances aussi humiliantes, qu'il fit avancer la Perse d'une condition à une autre, qu'il soumit tous ses ennemis, et leur prouva qu'ils ne pouvaient résister à cette cause.
Ses enseignements sacrés pénétrèrent toutes les régions, sa cause fut établie. Oui, dans toute la Perse, ses ennemis agissaient avec la plus grande haine, emprisonnant, tuant, frappant, incendiant, et ruinant de fond en comble des milliers de demeures, s'efforçant par tous les moyens d'exterminer et d'écraser la cause.
Malgré cela, de la prison des meurtriers, des brigands de grands chemins et des voleurs, il fit triompher sa cause et répandit ses enseignements; il exhorta la plupart de ceux qui avaient été les plus enragés contre lui et en fit des croyants; au point que le gouvernement persan lui-même s'éveilla, et fut honteux du mal qui était arrivé par la faute des ulama.
Lorsque Bahá'u'lláh arriva dans cette prison, en Terre sainte, les gens instruits comprirent que la bonne nouvelle que Dieu, par la bouche des prophètes, avait donnée deux ou trois mille ans auparavant, était réalisée, que Dieu était fidèle à la promesse.
Car à plusieurs des prophètes il avait révélé et donné la bonne nouvelle qui a trait à la Terre sainte : "Le Seigneur des armées doit se manifester chez toi."
Toutes ces promesses étaient accomplies! Et s'il n'y avait pas eu ces persécutions, ces exils et ces bannissements, de la part des ennemis, on ne pourrait comprendre pourquoi Bahá'u'lláh aurait dû s'enfuir de Perse, et planter sa tente en Terre sainte.
Les ennemis voulaient, par cet emprisonnement, anéantir et détruire complètement la cause sacrée; au lieu de cela, cette prison bénie fut l'aide suprême, et le moyen de son développement.
Sa voix divine parvint à l'Orient et à l'Occident, et les rayons du Soleil de Vérité brillèrent à tous les horizons.
Gloire à Dieu! Bien qu'il fût emprisonné, sa tente était dressée sur le mont Carmel, et il circulait avec la plus grande majesté! Et tous ceux, amis ou étrangers, qui furent honorés de sa présence, disaient : "C'est un prince, non un prisonnier !"
A son arrivée dans la prison, il écrivit une adresse à Napoléon III, qu'il envoya par l'entremise de l'ambassadeur de France, et dans laquelle il disait : "Demandez quel fut notre crime, et pourquoi cette prison et ce cachot." Napoléon ne répondit pas.
Une seconde épître fut rédigée peu après son arrivée à 'Akka, qui est contenue dans la Súriy-i-Haykal et où il est écrit : "Napoléon, comme tu n'as pas écouté la proclamation, et comme tu n'as pas répondu, bientôt ton empire disparaîtra, et tu seras entièrement ruiné."
Cette épître faut envoyée par la poste aux soins de César Catafago, à la connaissance de tous les compagnons d'exil.
La copie de cette épître se répandit rapidement dans toute la Perse, car le Kitab-i-Haykal y était alors partout distribué, et cette lettre se trouve comprise parmi les documents de ce livre. Cela se passait en l'an 1869 de l'ère chrétienne. Et comme la Súriy-i-Hykal était aussi distribuée dans l'Hindoustan, elle se trouvait dans les mains des croyants, et tous attendaient avec confiance l'accomplissement de cette prophétie.
Peu de temps après, en 1870 de l'ère chrétienne, le feu de la guerre éclata entre l'Allemagne et la France. Et, bien que personne ne crût à la victoire de l'Allemagne, Napoléon faut battu; il but la honte, il se rendit à l'ennemi et sa gloire faut changée en humiliation suprême.
De même, des tablettes furent envoyées aux autres rois, parmi lesquelles la lettre à S. M. Nasiri'd-Din Shah, dans laquelle il dit : "Fais-moi appeler, réunis tous les ulama, et demande des preuves et des arguments, afin que la vérité et le mensonge apparaissent."
S. M. Nasiri'd-Din Shah envoya l'épître sacrée aux ulama, et leur proposa d'accepter. Mais ils n'osèrent pas. Alors il demanda à sept des plus célèbres d'entre eux d'écrire une réponse à cette lettre; après quelque temps, ils rendirent la lettre sacrée, disant que cet homme était un adversaire de la religion et un ennemi du shah.
S. M. le shah de Perse faut très mécontent, parce que cette affaire étant une question de preuves et d'arguments, de vérité ou d'apostasie, comment pouvait-il s'agir d'inimitié envers le gouvernement ?
"Hélas, dit-il, combien nous avons eu d'égards pour ces ulama, qui ne peuvent même pas répondre à cette lettre!"
Bref, tout ce qui est rapporté dans les tablettes aux souverains s'est ensuite réalisé. Si, depuis 1870, on examine les événement, on voit que tout s'est passé comme il était prédit, et qu'il en reste très peu à apparaître encore.
C'est ainsi que les peuples étrangers et les sectes non croyantes attribuèrent à Bahá'u'lláh beaucoup de choses extraordinaires.
Certains, le regardant comme un saint, firent des ouvrages sur lui : parmi eux, siyyid Daoudi, un savant sunnite de Baghdad, a écrit une courte plaquette dans laquelle il raconte certains actes surnaturels de Bahá'u'lláh.
Maintenant encore, partout en Orient, il y a des gens qui, tout en ne croyant pas à sa manifestation, croient néanmoins qu'il faut un saint, et racontent des miracles qui lui sont attribués.
En résumé, tant ses adversaires que ses partisans, tous ceux qui furent reçus dans le lieu sacré, reconnurent et confessèrent la grandeur de Bahá'u'lláh.
Si, en fin de compte, on ne croyait pas en lui, on reconnaissait sa grandeur dès qu'on parvenait dans le lieu sacré.
La rencontre de Bahá'u'lláh produisait de tels effets que la plupart des gens ne pouvaient parler.
Combien de fois arriva-t-il qu'un de ses plus terribles ennemis prit en lui-même la résolution et l'engagement de dire telle et telle chose en arrivant en sa présence, et d'amener telle controverse et telle discussion; mais dès qu'il arrivait au lieu sacré, il demeurait stupide et confondu, et n'avait d'autre ressource que de rester silencieux et tranquille.
Bahá'u'lláh n'avait pas étudié l'arabe, il n'avait eu ni professeur ni maître, et il n'avait été dans aucune école :néanmoins, l'éloquence et l'excellence de ses discours bénis, en arabe, aussi bien que de ses tablettes arabes, ont causé l'étonnement et la stupéfaction des lettrés les plus accomplis en cette langue; tous reconnaissent et avouent qu'il est incomparable et sans pareil,
Et si nous examinons avec soin le texte de la Bible, nous voyons qu'aucune des manifestations divines ne dit à ceux qui les reniaient : "Tous les miracles que vous demanderez, je suis prêt à les accomplir, tout critérium que vous choisirez, je l'accepte."
Pourtant, dans l'épître au shah, il proclama clairement : "Réunis les ulama, et demande-moi les preuves et les arguments que tu voudras que j'établisse".
Pendant cinquante ans, Bahá'u'lláh se tint en face de ses ennemis comme une montagne : tous voulaient l'anéantir et cherchaient sa perte. Mille fois on tenta de le crucifier et de, le détruire; et pendant ces cinquante ans, il fut constamment dans le plus grand danger.
La Perse, aujourd'hui, est dans un tel état de décadence et de ruine que tous les hommes intelligents, au courant de la véritable situation, reconnaissent que son progrès, sa civilisation et son relèvement dépendent de la promulgation des enseignements et du développement des principes de ce grand personnage.
Le Christ, en son temps béni, a réellement éduqué onze hommes dont le plus célèbre était Pierre : néanmoins, quand ce dernier fut mis à l'épreuve, il renia trois fois le Christ. Malgré cela, combien, par la suite, le christianisme a pénétré les fondations du monde!
Aujourd'hui, Bahá'u'lláh a éduqué des milliers d'humains qui, sous la menace de l'épée, poussent au plus haut des cieux le cri Ya-Bahá'u'l-Abha et dont, sous le feu des épreuves, le visage brille comme de l'or! Puis songez à ce qui se passera encore dans l'avenir!
En résumé, il faut reconnaître avec équité quel éducateur de l'humanité fut cet être glorieux, quels signes merveilleux il manifesta, et quelle force et quelle puissance ont émané de lui dans le monde de l'existence !

Le Bab


Quant au Bab (que mon âme soit son sacrifice!) encore dans sa jeunesse, c'est-à-dire quand il venait de parvenir à la vingt-cinquième année de sa vie bénie, il se leva pour proclamer sa cause.
Il est généralement admis chez les si'ihs qu'il n'étudia dans aucune école, et qu'il n'acquit son instruction auprès de personne; tous les gens de Shiraz en témoignent.
Malgré cela, avec l'érudition la plus complète, il apparut tout à coup dans le monde; et bien qu'il ne fût qu'un simple négociant, il réduisit au silence tous les ulama de la Perse.
Tout seul, d'une façon qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, d défendit la Cause parmi les Persans qui sont renommés pour leur fanatisme religieux.
Cet être illustre se leva avec une telle force qu'il ébranla les piliers de la religion, de la morale, des moeurs, des habitudes et des coutumes de la Perse, et institua des lois, des coutumes et une religion nouvelles.
Bien que les grands personnages de l'Etat et presque tout le clergé, ainsi que les hommes publics, se fussent ligués pour l'arrêter et l'anéantir, seul, il se maintint et secoua toute la Perse.
Combien d'ulama, d'hommes publics, de grands personnages, avec la joie et la satisfaction les plus grandes, sacrifièrent leur vie dans son chemin et coururent vers le champ du martyre!
Le gouvernement, la nation, les docteurs de la religion, les grandes personnages voulaient éteindre sa lumière, ils n'y réussirent pas.
Sa lune ne tarda pas à se lever, son étoile à briller, les fondations qu'il jetait à s'établir solidement, et son aurore à devenir une lumière éclatante.
II donna à de nombreux êtres l'éducation divine, et il influença merveilleusement les pensées, les moeurs, les coutumes, les habitudes des Persans.
Il annonça à tous ses disciples la bonne nouvelle de la manifestation de Bahá, et il les prépara à la foi et à la certitude.
L'apparition de signes aussi merveilleux et de prodiges aussi grands, l'influence produite sur les intelligences et les mentalités populaires, l'établissement des bases du progrès, l'organisation des principes du succès et de la prospérité, de la part de ce jeune négociant, prouvent à l'évidence qu'il était un éducateur parfait. Un homme juste n'hésitera jamais à le reconnaître.

Muhammad


Passons à Muhammad. Les Européens et les Américains ont entendu pas mal d'histoires sur le compte du Prophète, et ils les ont tenues pour vraies, bien que ceux qui les ont écrites faussent parfois ignorants ou partiaux :
la plupart d'entre eux étaient des prêtres, d'autres étaient des musulmans sans instruction, et ils firent sur le compte de Muhammad des récits sans fondement qu'ils considéraient comme des panégyriques.
Ainsi, quelques musulmans ignorants font de la polygamie du Prophète le pivot de leurs louanges, et la tiennent pour merveilleuse, parce que ces esprits bornés la regardent comme un miracle; et les historiens européens se réfèrent le plus souvent aux récits de ces ignorants.
Autre exemple : un insensé, ayant dit à un prêtre que la preuve de la grandeur était l'extrême bravoure et le sang répandu, et que l'un des compagnons de Muhammad avait, un jour, sur le champ de bataille, tranché la tête à cent individus, ce prêtre crut qu'en réalité le signe de la religion de Muhammad était le meurtre, tandis que cela n'est qu'une simple imagination.
Au contraire, les expéditions de Muhammad étaient toujours des mouvements défensifs : la preuve évidente en est que, pendant treize ans, dans La Mecque, lui et ses adeptes endurèrent les pires persécutions.
Durant ce temps ils furent la cible des flèches de la haine; plusieurs des compagnons furent tués, et leurs biens confisqués; d'autres abandonnèrent le pays de leurs pères et s'enfuirent à l'étranger.
Quant à lui-même, après les plus extrêmes persécutions les Coraïschites s'étaient résolus à le tuer. Aussi, au milieu de la nuit, il sortit de La Mecque et s'enfuit à Médine.
Malgré cela, ses ennemis n'abandonnèrent pas les persécutions : ils poursuivirent ses disciples jusqu'en Abyssinie et à Médine.
Ces tribus et ces groupements arabes étaient réduits au dernier degré de la sauvagerie et de la barbarie, au point que les barbares et les sauvages d'Amérique étaient auprès d'eux aussi avancés qu'un Platon; car les barbares d'Amérique n'enterraient pas leurs enfants vivants, tandis que ces gens enterraient leurs filles vivantes, disant que c'était une action honorable entre toutes, et dont ils se glorifiaient.
Ainsi, la plupart des hommes menaçaient de mort leurs femmes au cas où elles mettraient au monde une fille.
Et jusqu'à aujourd'hui, les Arabes redoutent d'avoir des filles. De même, un seul individu pouvait prendre mille femmes, et la plupart d'entre eux avaient plus de dix femmes à la maison.
Quand l'une de ces tribus faisait la guerre et luttait contre une autre, celle qui était victorieuse faisait prisonniers les femmes et les enfants de la tribu vaincue, et les emmenait comme esclaves et comme servantes qu'on achetait et vendait.
Lorsqu'un homme venait à mourir qui avait dix femmes, les enfants de ces femmes se ruaient sur les mères des uns et des autres, et si l'un de ces enfants jetait son manteau sur la tête de la femme de son père, et s'écriait : "Cette femme est mon bien légat!", à l'instant même après cela, cette malheureuse devenait la prisonnière et la servante du fils de son mari, et celui-ci faisait ce qu'il voulait de la femme de son père.
Il pouvait la tuer, l'emprisonner dans une fosse, ou la frapper, l'invectiver, la torturer, jusqu'à ce que, peu à peu, elle en mourût. Selon l'habitude et les coutumes arabes, il était le maître.
La malignité, la jalousie, l'envie, la haine qui devaient exister entre les femmes d'un même époux et leurs enfants, on peut l'imaginer clairement : cela se passe de commentaires.
D'ailleurs, réfléchissez aux terribles conditions d'existence réservées à ces malheureuses femmes; ajoutez que les moyens de vie des tribus arabes consistaient dans le pillage et le vol, de sorte qu'à chaque instant elles étaient en lutte et en guerre, se massacraient, pillaient et dévastaient leurs biens, et capturaient les femmes et les enfants pour les vendre aux étrangers.
Combien de fois est-il arrivé que les filles et les fils d'un prince, qui passaient leur temps dans le luxe et le confort, furent réduits, lorsque vint l'affliction, à la honte, à la pauvreté et à la captivité. C'étaient des princes, ils devenaient des prisonniers; hier des grandes dames, aujourd'hui des servantes!
C'est au milieu de ces tribus que Muhammad reçut la Révélation divine, et pendant treize ans il ne cessa pas d'être persécuté par elles. Après treize ans, il dut partir et s'enfuir.
Mais ces gens ne s'en tinrent pas là : ils se réunirent et formèrent une armée pour l'attaquer, et tuer tout le monde, hommes, femmes, enfants. C'est ainsi que Muhammad fut contraint de se battre avec ces tribus. Telle est la vérité.
Nous ne voulons pas le juger avec partialité, ni le défendre aveuglément; mais nous sommes justes, et justement nous vous disons : regardez avec justice.
Si le Christ s'était trouvé dans de telles circonstances, parmi des tribus aussi tyranniques et aussi sauvages, et si, pendant treize ans, il avait enduré avec tous ses disciples toutes ces vexations, s'il les avait supportées patiemment et si, à la fin, à cause de la tyrannie de ses contemporains, il avait dû s'enfuir de sa patrie vers le désert;
si, malgré cela, des tribus barbares avaient continué à le poursuivre et à tenter de tuer tous les hommes, de piller les biens, d'emprisonner les femmes et les enfants, quelle eût été sa conduite à leur égard ?
Si ces mauvais traitements n'étaient venus que sur lui, il eût pardonné généreusement, et ce pardon eût été fort approuvé et loué.
Mais s'il avait vu que ces meurtriers tyranniques et assoiffés de sang voulaient tuer, piller, molester tous les malheureux, et réduire en captivité les femmes et les enfants, il est hors de doute qu'il eût défendu ces opprimés, et qu'il eût combattu leurs oppresseurs.
Alors, quelle est l'objection qu'on peut faire à Muhammad ? Il n'y a que celle-ci : pourquoi, avec ses compagnons, leurs femmes et leurs enfants, ne s'est-il pas soumis à ces tribus sauvages ?
De plus, affranchir ces tribus de leur caractère et de leur tempérament sanguinaires était le plus grand des bienfaits, les contraindre à refréner leurs passions était une véritable grâce.
C'est comme si un homme généreux brisait la coupe de poison qu'un ami tient à la main pour la boire, et que, par sa violence, il l'empêchait de boire le poison.
Si le Christ s'était trouvé dans de pareilles circonstances, sans aucun doute il aurait, d'un pouvoir dominateur, délivré hommes, femmes et enfants, des griffes de ces loups sanguinaires.
Muhammad n'a pas fait la guerre contre les chrétiens : au contraire, il a eu pour eux beaucoup d'égards, et il leur a donné une liberté entière.
A Nedjran se trouvait une communauté chrétienne sous sa protection et sa garde. Muhammad dit : "Quiconque commettra une injustice à leur encontre sera mon ennemi, et je témoignerai contre lui au jugement devant Dieu."
Les édits qu'il a promulgués indiquent d'une façon explicite que la vie, les biens, l'honneur des chrétiens et des juifs sont sous la garde de Dieu.
Que si un musulman a une femme chrétienne, il ne doit pas l'empêcher d'aller à l'église, ni l'obliger à porter le voile; et si elle meurt, il doit la remettre entre les mains du prêtre.
De même, si des chrétiens veulent construire une église, l'islam doit les aider. D'autre part, lorsqu'il y a guerre entre l'islam et ses ennemis, il faut exempter les chrétiens de l'obligation de servir, sauf dans le cas où ils désireraient, de leur plein gré, combattre, et venir au secours de l'islam; car ce sont des protégés.
Mais, en compensation de cette exemption, ils doivent annuellement payer une petite somme.
Bref il existe sept édits détaillés sur cette question, dont certaines copies sont encore conservées aujourd'hui à Jérusalem. C'est un fait reconnu, et non pas seulement ma propre affirmation. L'édit du second calife existe encore à Jérusalem chez un patriarche orthodoxe, et il ne peut y avoir aucun doute à cet égard.
Néanmoins, après quelque temps, la haine et l'inimitié s'élevèrent entre les musulmans et les chrétiens, chacun des deux partis ayant outrepassé ses droits. En dehors de cette vérité, tout ce que les musulmans, les chrétiens et les autres disent n'est qu'un tissu de légendes et d'histoires. La source de ces récits est le fanatisme ou l'ignorance, à moins qu'ils ne proviennent d'une hostilité profonde.
Par exemple, les musulmans disent que Muhammad fendit la lune, et qu'elle tomba sur la montagne de La Mecque : ils pensent que la lune est un petit corps que Muhammad déchira en deux; il jeta une partie sur une montagne et l'autre sur une autre!
De tels récits sont dictés par le fanatisme. Il en est de même des récits que font les prêtres; les choses qu'ils blâment sont toutes des exagérations, la plupart sont sans fondement.
Bref, Muhammad apparut dans le désert du Hijaz, dans la péninsule arabique, contrée stérile et inculte, bien plus: sablonneuse et inhabitée : certains lieux, comme La Mecque et Médine, sont extrêmement chauds;
les habitants sont des nomades, ayant les moeurs et les coutumes des habitants du désert, entièrement dépourvus de savoir et d'instruction. Muhammad lui-même était illettré.
Le Qur'an faut écrit sur des omoplates de mouton ou sur des feuilles de palmier : ces détails nous font comprendre la basse condition du peuple.
C'est chez de tels hommes que fut envoyé Muhammad. La première objection qu'il leur fit fut de dire : "Pourquoi n'acceptez-vous pas le Pentateuque et l'Evangile, et ne croyez-vous pas à Jésus et à Moïse ?" Ces paroles leur parurent très pénibles;
aussi ils répondirent : "Comment se fait-il que nos pères et nos aïeux ne croyaient ni au Pentateuque ni à l'Evangile ?" II répondit : "C'étaient des égarés.
Vous devez rejeter ceux qui ne croient pas au Pentateuque et à l'Evangile, faussent-ils vos pères et vos aïeux."
C'est dans de pareilles régions, chez des tribus aussi sauvages, qu'un illettré produisit un livre qui, dans une éloquence et un style parfait, contient l'explication des qualités et des perfections divines, celle du caractère prophétique des envoyés de Dieu, celle des lois divines et de plusieurs sciences et questions scientifiques.
C'est ainsi que vous savez qu'avant les observations des savants des temps modernes, dans les premiers siècles et dans le Moyen Age, jusqu'au xve siècle de l'ère chrétienne, tous les mathématiciens du monde s'accordaient sur le caractère central de la terre, et sur le mouvement giratoire du soleil autour de celle-ci.
Et cet astronome fameux fut le protagoniste de la théorie nouvelle qui a expliqué le mouvement de la terre et l'immobilité du soleil. Jusqu'à son époque, tous les mathématiciens et tous les philosophes du monde s'en tenaient au système de Ptolémée; et tous ceux qui s'élevaient contre ses théories étaient traités d'ignorants.
Or, Pythagore, et Platon dans les derniers temps de sa vie, avaient adopté le système d'après lequel le mouvement annuel du soleil dans le zodiaque ne provient pas du soleil, mais bien du mouvement de la terre autour de lui. Mais ce système avait été complètement oublié, et celui de Ptolémée avait prévalu chez tous les mathématiciens.
Néanmoins, dans le Qur'an, des versets ont été révélés contre l'idée du système ptolémaïque, parmi lesquels nous citerons : "Le soleil court dans un endroit fixe"; cela montre la fixité du soleil et son mouvement autour d'un axe. De même, dans un autre verset : "Et chaque étoile nage dans son propre ciel", il explique le mouvement du soleil, de la lune, de la terre et des autres étoiles brillantes.
Lorsque le Qur'an fut répandu, tous les mathématiciens raillèrent ces affirmations et mirent cette opinion sur le compte de l'ignorance.
Même les docteurs de l'islam, lorsqu'ils s'aperçurent que ces versets étaient contraires au système de Ptolémée, se virent réduits à les commenter, car le système de Ptolémée était alors universellement admis, et le texte du Qur'an était contraire à ce système.
Ce n'est qu'après le XVe siècle de l'ère chrétienne, c'est-à-dire environ neuf cents ans après Muhammad, qu'un astronome célèbre fit de nouvelles observations, qu'il inventa le télescope, et que de nombreuses découvertes purent être faites.
Le mouvement de la terre, la fixité du soleil furent prouvés; on découvrit aussi le mouvement du soleil autour d'un axe. Et il devint évident que les versets du Qur'an étaient conformes à ce qui existait et que le système de Ptolémée n'était que de l'imagination.
Bref, la plupart des peuples orientaux ont été élevés pendant treize siècles à l'ombre de la religion de Muhammad. Et pendant le Moyen Age, où l'Europe était tombée au dernier degré de la barbarie, le peuple arabe l'emportait sur toutes les nations du monde dans les arts, les sciences, les mathématiques, la civilisation, la politique, etc.
Le promoteur et l'éducateur de ces tribus nomades d'Arabes, le fondateur de la civilisation et des perfections humaines chez ces peuples divers faut un illettré, Muhammad. Cet homme illustre fut-il un éducateur parfait , oui ou non ? Soyons justes !

Le Christ


Le Christ vint ensuite et dit : "Je suis né par l'oeuvre du Saint-Esprit." S'il est aisé pour les chrétiens de croire à cette assertion aujourd'hui, c'était alors une chose fort difficile. Le texte de l'Evangile dit que les pharisiens s'écrièrent : "N'est-il pas le fils de Joseph de Nazareth que nous connaissons ? Comment peut-il prétendre venir du ciel ?"
Bref, bien que, apparemment et aux yeux de tous, il fût pauvre, malgré cela il agit avec une puissance telle qu'il réussit à abolir une loi religieuse datant de quinze cents ans, alors que celui qui s'en écartait le moins du monde tombait dans le plus grand péril, et risquait sa vie.
De plus, dans le temps du Christ, les moeurs, partout dans le monde, étaient tout à fait corrompues, la condition des Israélites était des plus confuses, et Israël était tombé au dernier degré de la dégradation, de la misère et de la servitude.
Tantôt prisonniers de la Perse et de la Chaldée, tantôt réduits en esclavage par les Assyriens, tantôt sujets et vassaux des Grecs, les Israélites étaient finalement soumis et méprisés par les Romains.
Tout jeune, le Christ, à l'aide d'un pouvoir surnaturel, abrogea l'antique loi mosaïque, et se mit à réformer les moeurs générales : une seconde fois il jeta pour Israël les bases d'une gloire éternelle.
De plus, il donna à l'humanité la bonne nouvelle de la paix universelle; il répandit des enseignements qui n'étaient pas réservés à Israël seulement : il institua les fondements de la félicité universelle pour tout le genre humain.
Les premiers qui s'efforcèrent de le faire disparaître furent les Israélites, sa propre parenté. En apparence, ils eurent raison de lui, et ils le plongèrent dans la plus profonde détresse : ils finirent par lui mettre sur la tête la couronne d'épines, et par le crucifier.
Et cet être, alors qu'il était apparemment dans la plus grande détresse, annonça : "Ce soleil va resplendir, cette lumière va briller, et ma grâce va envelopper le monde, et tous les ennemis seront confondus!" Et comme il le dit, cela arriva.
Tous les rois de la terre réunis n'ont pu le réduire à néant. Au contraire, toutes leurs bannières ont été déchirées, tandis que celle de cet opprimé a été portée à son apogée.
Est-ce qu'une telle chose est possible sur les bases de la logique humaine ? Non, par Dieu ! Il devient donc clair et évident qu'un tel être glorieux faut un véritable éducateur de l'humanité, et qu'il faut aidé et confirmé par le pouvoir divin.

Moïse


Moïse était un berger qui vécut longtemps à la campagne.
A ne juger que par les apparences, c'était un homme qui avait été élevé dans une maison où régnait l'iniquité. Parmi les hommes, il était connu pour avoir commis un meurtre avant de devenir berger; auprès des officiers et du clergé du Pharaon, il était détesté et haï au suprême degré.
Ce fut un tel individu qui affranchit une grande nation des chaînes de l'esclavage, la rendit heureuse, la fit sortir d'Egypte et l'amena en Terre sainte.
Cette nation était arrivée au dernier degré de la décadence : elle parvint au sommet de la gloire. C'était un peuple de prisonniers, ils devinrent libres; c'étaient les plus ignorants des hommes, ils devinrent les plus savants.
Grâce à leurs institutions, ils finirent par être exaltés parmi toutes les nations, et leur renommée parvint à tous les horizons. Les choses en arrivèrent au point que lorsqu'un homme d'une nation voisine voulait louer un individu, il disait : "Certes, c'est un Israélite."
Moïse établit les lois et ordonnances, par lesquelles il rénova le peuple d'Israël, et le fit parvenir au plus haut degré de civilisation de l'époque.
Il parvint à un tel développement que les philosophes de la Grèce vinrent acquérir la connaissance auprès des érudits d'Israël.
Tel Socrate, qui vint en Syrie, et prit des Beni-Israël les enseignements sur l'unité de Dieu et l'éternité de l'âme après la mort, puis, étant retourné en Grèce, les y promulgua.
Alors les Grecs le contredirent, l'accusèrent d'impiété, le firent comparaître devant l'Aréopage, et lui donnèrent du poison.
Voyons! un homme qui bégayait, qui, après avoir été élevé dans la maison du Pharaon, passait pour être devenu un meurtrier, celui que, pendant longtemps, la crainte avait réduit à vivre caché, à devenir berger, c'est un tel homme qui vient, et établit dans le monde une cause si grande que les plus grands philosophes de la terre n'ont jamais reçu la millième partie d'un tel pouvoir!
C'est un prodige extraordinaire! Un homme dont la langue balbutiait, qui certainement ne pouvait parler correctement, est parvenu à établir une telle cause! S'il n'avait pas été aidé par la puissance divine, jamais il n'aurait pu arriver à exécuter cette grande oeuvre. Ce ne sont pas des arguments que l'on puisse réfuter.
Des philosophes matérialistes, des penseurs grecs, les grands hommes de Rome furent fameux dans le monde, bien que chacun d'eux ne se fût spécialisé que dans une des branches de la connaissance.
Ainsi Hippocrate en médecine, Aristote en dialectique et en logique, Platon en morale et en théologie, parvinrent à la célébrité.
Comment se fait-il qu'un berger ait pu acquérir la totalité de ces sciences ? II est hors de doute qu'un tel homme fut secouru par une puissance extraordinaire.
De plus, remarquez combien furent pénibles les épreuves et les difficultés que le peuple eut à surmonter.
Moïse, pour empêcher un acte de violence, frappa un Egyptien, et il passa ensuite parmi les hommes pour un meurtrier, d'autant plus compromis que celui qu'il avait tué appartenait à la nation dominante. II prit donc la fuite.
Après cela, il fut élevé au rang de prophète, malgré sa mauvaise réputation. A quel point dut-il être assisté par une puissance surnaturelle, pour pouvoir établir ces grandes institutions, et ces lois matérielles!
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Abraham




L'un de ceux qui possédaient ce pouvoir, qui en reçurent le secours, faut Abraham. La preuve en est qu'il naquit en Mésopotamie, d'une famille où l'on ignorait l'unité de Dieu.
Il s'éleva contre sa nation et son gouvernement et même contre sa propre famille, il renia tous leurs dieux, et à lui seul, sans aide, il résista à un peuple puissant; cette opposition et cette résistance n'étaient pourtant ni faciles ni aisées.
C'est comme si de nos jours quelqu'un, chez un peuple chrétien, attaché à la Bible et à l'Evangile, allait renier le Christ, ou si, dans l'entourage du pape (à Dieu ne plaise), il blasphémait le Christ et résistait à tout un peuple, avec la plus grande énergie!
Et ces gens-là n'avaient pas qu'un Dieu, au contraire ils étaient attachés à des dieux différents à qui ils attribuaient des miracles.
Aussi chacun s'éleva-t-il contre Abraham : nul ne le soutint si ce n'est son neveu Loth, et un ou deux personnages sans importance.
Enfin, réduit à la plus grande détresse par suite de l'extrême opposition de ses ennemis, il dut quitter sa patrie. En réalité, ceux-ci le chassèrent pour causer sa ruine et sa perte, et pour qu'aucune trace ne subsistât de lui.
Abraham se rendit alors dans ces contrées, c'est-à-dire en Terre sainte. Ce que je veux dire, c'est que ses ennemis pensaient, par cet exil, parvenir à le détruire et à le ruiner; car en vérité, si un homme est chassé de sa patrie, privé de ses droits, et opprimé de toutes les manières, même si c'est un roi, il sera anéanti.
Mais Abraham résista et fit preuve d'une détermination extraordinaire jusqu'à ce qu'il eût établi l'unité de Dieu dans cette génération polythéiste - et Dieu fit de cet exil la gloire éternelle d'Abraham.
Cet exil fut la cause du progrès de la postérité d'Abraham et la Terre sainte lui fut donnée.
A cause de cet exil, les enseignements d'Abraham se répandirent et, parmi ses descendants, on trouve un Jacob, on découvre un Joseph qui devint gouverneur de l'Egypte.
A cause de cet exil encore, un Moïse et un être comme le Christ se manifestèrent dans sa postérité. Cet exil eut pour conséquence la rencontre avec Agar qui donna naissance à un Ismaël dont l'un des descendants fut Muhammad. II permit encore que, parmi ses descendants, on trouve les prophètes d'Israël et que paraisse le Bab. Et il en sera ainsi pour l'éternité.
A cause de cet exil enfin, toute l'Europe et presque toute l'Asie se rangèrent sous l'ombre du Dieu d'Israël.
Voyez quelle est la puissance qui a permis à un homme ayant fui son pays de fonder une telle famille, d'établir une telle foi, de promulguer de tels enseignements! Maintenant, peut-on dire que tout cela survint fortuitement ? II faut être juste : cet homme était-il un éducateur ou non ?
Puisque l'exil d'Abraham, depuis Our jusqu'à Alep, en Syrie, a donné ce résultat, il faut penser à l'effet qui résultera de l'exil de Bahá'u'lláh, déplacé plusieurs fois : de Tihran à Baghdad, puis à Constantinople, en Roumélie et en Terre sainte. Considérez donc quel parfait éducateur fut Abraham.

'Abdu'l-Bahá, le Centre de l'Alliance





'Abdu'l-Bahá à Paris en 1912
Le 29 novembre 1921, dix-mille personnes, juifs, chrétiens et musulmans, de toutes convictions et dénominations, étaient rassemblées sur le Mont carmel en Terre sainte pour pleurer la disparition d'un être célébré comme étant l'essence de la "vertu et de la sagesse, de la connaissance et de la générosité."1 "Ce fut un exemple vivant du sacrifice de soi", déclara ce jour-là un chef juif pour décrire 'Abdu'l-Bahá, fils et successeur choisi de Bahá'u'lláh. Un orateur chrétien en parla comme celui qui avait conduit l'humanité vers le "chemin de la Vérité", comme un "pilier de paix" ajouta un éminent chef musulman, et comme l'incarnation de "la gloire et de la grandeur."2 Lors de ses funérailles, rapporte un observateur occidental, "une foule immense s'était rassemblée, s'affligeant de sa mort mais aussi se félicitant de sa vie."3
Partout en Orient et en Occident, 'Abdu'l-Bahá avait acquis la réputation d'un ambassadeur de la paix, un champion de la justice, et l'interprète principal d'une nouvelle Foi. Pendant ses voyages en Amérique du Nord et en Europe, il avait proclamé par la parole et par l'exemple, avec force et persuasion, les principes essentiels de la religion de son père. S'adressant aux grands comme aux humbles et à tous ceux qui croisaient son chemin, il affirmait que "l'amour est la plus grande loi ",4 qu'elle est le fondement de la "civilisation véritable", et que "ce dont l'humanité a impérieusement besoin, c'est de coopération et de réciprocité" entre tous ses peuples5
Voici comment un observateur américain le décrit:
Il trouva un auditoire nombreux et bien disposé à son égard, impatient de le saluer personnellement et d'écouter de sa bouche son message spirituel d'amour...Au-delà des mots, quelque chose d'indescriptible se dégageait de sa personnalité qui allait droit au coeur de tous ceux qui accédaient en sa présence. Un visage en forme de dôme, une barbe de patriarche, des yeux qui semblaient voir au-delà du temps et des sens, une voix douce mais claire et pénétrante, une limpide humilité, un amour jamais pris en défaut, mais par-dessus tout, un sens de l'autorité mêlé à un sentiment de douceur qui conférait à tout son être la majesté rare de l'élévation spirituelle, tout cela en faisait quelqu'un d'à-part, tout en le rendant proche de l'âme la plus humble; tout cela, et bien plus encore de je-ne-sais-quoi d'indéfinissable, a laissé chez ses nombreux...amis, des souvenirs indélébiles et indiciblement précieux6.
Et pourtant, aussi attirante qu'était sa personnalité et profonde sa compréhension de la condition humaine, elles ne sauraient suffire à rendre justice au rang unique d'Abdu'l-Bahá dans l'histoire religieuse. Selon les termes mêmes de Bahá'u'lláh, il était le "Dépôt de Dieu", "un abri pour toute l'humanité", "la bénédiction suprême", et "le Mystère antique et immuable" de Dieu.7 Les écrits bahá'ís affirment encore qu'"en la personne d'Abdu'l-Bahá, les caractéristiques incompatibles d'une nature humaine et d'une connaissance et d'une perfection supra-humaines ont été fondues et sont en complète harmonie".8
Le problème de la succession a été capital dans toutes les religions. Le fait qu'il n'ait pas pu être résolu y a inévitablement engendré acrimonie et divisions. L'ambiguïté entourant les véritables successeurs de Jésus et de Mahomet par exemple, a conduit à des interprétations divergentes des saintes écritures et à un profond antagonisme tant à l'intérieur du Christianisme que de l'Islam. Bahá'u'lláh quant à lui a su préserver sa foi des schismes et a édifié pour elle des fondations imprenables grâce aux dispositions de son testament, le "Livre de mon Alliance". "Quand l'océan de ma présence aura reflué", y écrit-il, "et que le Livre de ma révélation sera achevé, tournez vos visages vers celui qui est le dessein de Dieu, celui qui est la Branche issue de cette Antique Racine. L'objet de ce verset sacré n'est autre que la Branche Suprême [Abdul'-Bahá]".9
'Abdu'l-Bahá, jeune homme
En nommant 'Abdu'l-Bahá pour lui succéder, Bahá'u'lláh lui donne les moyens de diffuser son message d'espoir et de paix universelle aux quatre coins de la planète, afin de réaliser l'unité essentielle de tous les peuples. "Que la gloire de Dieu soit sur toi, et sur quiconque te sert et gravite autour de toi, écrit Bahá'u'lláh, en se référant à son fils, "Malheur, grand malheur à qui s'oppose à toi et te fait du tort!"10 Pour résumer, 'Abdu'l-Bahá représente le centre de l'Alliance de Bahá'u'lláh, l'intermédiaire chargé d'assurer l'unité de la communauté bahá'íe et de préserver l'intégrité de ses enseignements.
En sa qualité d'interprète officiel de ces enseignements, 'Abdu'l-Bahá devint ainsi "le porte-parole du Livre, l'interprète de la Parole"11 Sans lui, l'énorme pouvoir créateur de la révélation de Bahá'u'lláh n'aurait pu être diffusé à l'humanité, ni sa portée pleinement comprise. Il a su élucider les enseignements de la Foi de son père, en développer les doctrines, et définir les aspects essentiels de ses institutions administratives. Il a servi de guide infaillible et d'architecte à une communauté bahá'íe en rapide expansion. Bahá'u'lláh l'avait doté en outre, des "vertus de la perfection dans son comportement social et personnel, pour que l'humanité puisse voir en lui un exemple durable à suivre"12 En modèle parfait des enseignements de son père, et en tant que pivot de son Alliance, 'Abdu'l-Bahá allait devenir "l'intermédiaire incorruptible chargé de mettre la Parole en pratique afin d'édifier une civilisation nouvelle"13
Il apparaît évident, en rétrospective, que Bahá'u'lláh avait soigneusement préparé son fils à lui succéder. Né le 23 mai 1844, la nuit même où le Báb avait inauguré les débuts d'un nouveau cycle religieux, 'Abdu'l-Bahá avait, enfant déjà, partagé les souffrances de son père au moment des persécutions contre les bábís. Il avait 8 ans lorsque Bahá'u'lláh est jeté en prison pour la première fois, pour avoir été au nombre des principaux porte-parole et défenseurs de la Foi bábíe. Il n'avait pas quitté son père tout au long de l'interminable exil qui les avait menés de Perse à la capitale de l'Empire ottoman, et en dernier lieu, en Palestine. En grandissant, 'Abdu'l-Bahá était devenu le compagnon le plus intime de Bahá'u'lláh, son délégué, son refuge, et son principal représentant auprès des autorités politiques et religieuses d'alors. Son extraordinaire ascendant, ses connaissances et son service, valurent à la communauté bahá'íe en exil un grand prestige. Aussi, au lendemain du décès de Bahá'u'lláh en mai 1892, 'Abdu'l-Bahá prit-il les rênes de la Foi bahá'íe.
C'est en 1911 seulement, après plus de 40 années d'incarcération et de souffrances, qu'Abdu'l-Bahá se rendra enfin en Occident pour y présenter avec une brillante simplicité, aux grands comme aux humbles de ce monde, l'ordonnance prescrite par Bahá'u'lláh pour le renouveau spirituel et moral de la société. Cet "appel de Dieu", déclara-t-il, "...a insufflé une vie nouvelle dans le corps de l'humanité, et infusé un nouvel esprit dans toute la création. C'est pour cette raison que le monde a été ébranlé jusque dans ses profondeurs, et que les coeurs et les consciences ont été vivifiés. Sous peu, les preuves de cette régénération seront révélés, et ceux qui sont profondément endormis seront tirés de son sommeil"14
Au nombre des vérités vitales inlassablement proclamées par Abdul'-Bahá aux leaders d'opinion, à d'innombrables groupements et aux multitudes en général, figurent: "La recherche indépendante de la vérité, libérée des entraves de la superstition et de la tradition; l'unité de la race humaine tout entière, principe pivot et doctrine fondamentale de la Foi; l'unité fondamentale de toutes les religions; la condamnation de toutes les formes de préjugés, d'ordre religieux, racial, social ou national; la nécessité d'une harmonie entre la religion et la science; l'égalité des hommes et des femmes qui sont les deux ailes nécessaires à cet oiseau qu'est l'humanité pour prendre son envol; l'institution de l'éducation obligatoire; l'adoption d'une langue auxiliaire universelle; l'abolition des extrêmes de richesse et de pauvreté, la création d'un tribunal international pour le règlement des différends entre nations; l'élévation du travail au rang de prière, lorsqu'il est exécuté dans un esprit de service; la glorification de la justice comme principe dominant de la société, et de la religion comme rempart protecteur pour tous les peuples et toutes les nations; enfin, l'établissement d'une paix permanente et universelle, but suprême de l'humanité"15
'Abdu'l-Bahá en Allemagne, 1913
Il affirma mainte et mainte fois qu'il était un "héraut de paix et de réconciliation", "un avocat de l'unité de l'humanité"16, et un intermédiaire dont le rôle était de convier l'humanité à se tourner vers le "Royaume de Dieu". Face à la réceptivité de ceux qui l'acclamaient, 'Abdu'l-Bahá n'a jamais caché d'où lui venaient sa pensée ni son rang véritable. C'est ainsi qu'il écrit à un de ses disciples aux États-Unis:
Mon nom est 'Abdu'l-Bahá [littéralement, le serviteur de Bahá]. Ma qualité est 'Abdu'l-Bahá. Ma réalité est 'Abdu'l-Bahá. Ma louange est 'Abdu'l-Bahá. Ma soumission à la Perfection bénie [Bahá'u'lláh] est mon glorieux et brillant diadème, et servir la race humaine toute entière ma religion perpétuelle...Je n'ai point de nom, point de titre, point de mention, point de louange autre que 'Abdu'l-Bahá. C'est là mon ardent désir; c'est là mon aspiration la plus profonde; c'est là ma vie éternelle. C'est là ma gloire infinie. 17 Le Gardien de la Foi bahá'íe

Abdu'l-Bahá (1844-1921)


Dès son plus jeune âge, Abbas Effendi, le fils aîné de Bahá'u'lláh , partage les souffrances et les exils de son père. Il prend le titre de 'Abdu'l-Bahá, qui veut dire le "serviteur de Baha". Bahá'u'lláh le désignera plus tard comme l'interprète autorisé des enseignements bahá'ís et son successeur pour diriger la Foi après son propre décès. 'Abdu'l-Bahá incarne parfaitement le mode de vie bahá'í.
Alors qu'il est encore prisonnier de l'Empire Ottoman, les premiers pèlerins bahá'ís du monde occidental arrivent à St-Jean d'Acre, en 1898. A sa libération en 1908, 'Abdu'l-Bahá se lance dans une succession de voyages qui le conduiront en Europe et en Amérique de 1911 à 1913. Il y proclamera le message d'unité et de justice sociale de Bahá'u'lláh à des congrégations religieuses, des associations pacifistes, des syndicats, et de nombreux autres auditoires.
`Abdu'l-Bahá est décédé en 1921 après avoir consolidé les fondements de la Foi baha’ie et en avoir considérablement étendu la portée. Les pièces situées dans la partie nord du Tombeau du Báb, où Il repose aujourd'hui, sont un lieu de pèlerinage pour les bahá'ís en visite au Centre mondial de leur Foi.